LA PIEUVRE
NOVEMBRE

LA PIEUVRE

NOVEMBRE

MA galerie sonore est un espace virtuel dédié à l’art radiophonique lancé cette saison. Entre octobre et juillet, des personnalités, réalisateurs et réalisatrices, artistes et radios complices proposent une sélection coup-de-cœur de trois à cinq œuvres audio à l’écoute dans cette rubrique.

LA PIEUVRE

Association dijonnaise, La Pieuvre c’est une audiothèque hébergeant des podcasts culturels et sociaux centrés sur la région bourguignonne ou produits en local et un magazine culturel audio et visuel.
lapieuvre-podcast.fr

PRÉSENTATION DE LA SÉLECTION

Lancé en juin 2022 dans le giron de Radio Dijon Campus, La Pieuvre (lapieuvre-podcast.fr) est une plateforme de diffusion de podcasts liés de près ou de loin à la région bourguino-francomtoise. Leur participation à la galerie sonore est l’occasion de rencontrer trois des responsables du site.

Commençons par les présentations. Florentine, Justine et Martial : qui êtes-vous ? 
Martial Ratel : Je m’occupe du rédactionnel à Radio Dijon Campus et je fais partie des trois ou quatre à avoir lancé La Pieuvre en parallèle de la radio.
Justine Frerot : Je suis responsable de l’antenne de Radio Dijon Campus. Je suis arrivée en décembre dernier, La Pieuvre était déjà bien établie et ça marchait déjà pas mal.
Florentine Colliat : Je viens de finir mon master en Direction des Projets et des Établissements Culturels à Dijon. J’ai fait mon stage chez Radio Campus notamment pour développer La Pieuvre, puis mon alternance au sein du Bloc et de Pointbreak, deux structures de Guillaume Malvoisin, autre fondateur de La Pieuvre. Aujourd’hui, je travaille pour une autre structure culturelle de Dijon.

Quelle est l’origine de La Pieuvre ?
Martial : La Pieuvre est née d’un manque. Il n’y avait pas d’espace de podcasts de proximité en Bourgogne-Franche-Comté. Vu le nombre de personnes autour de nous qui développaient cette activité et qu’on croisait grâce à la radio et qui nous demandaient des conseils, des coups de main, on s’est dit que c’était pertinent de monter un espace de podcast qui ne serait pas réservé à Radio Campus mais qui serait mis à disposition d’acteurs sociaux et culturels autour de nous. Assez rapidement on a défini comme ligne le social et le culturel de manière très large, en incluant aussi bien des ateliers faits par des MJC, que des productions de podcasteurs ou de producteurs autonomes. Et quand on a monté ça avec Radio Campus et Le Bloc, on a fait appel au fondateur de Sparse.fr, un magazine culturel avec lequel Guillaume avait déjà travaillé à créer un espace podcasts pour le festival Sons d’hiver. On avait donc techniquement les moyens de monter un site de podcasts sans faire appel à qui que ce soit et on s’est tous dit que ça répondait à un besoin local. Le site a été lancé le 16 juin 2022. En parallèle on édite également un magazine papier. 

Venons-en à votre sélection pour la Galerie Sonore de MA scène nationale, comment avez-vous opéré cette sélection ? Qu’est-ce qu’elle représente par rapport à ce qu’on trouve sur La Pieuvre ?
Martial : Elle pioche dans plusieurs registres pour montrer quelle est notre ligne éditoriale.
Florentine : Lors de cette soirée de lancement dans la laverie, on a demandé au dj Paikan de mixer ses influences musicales avec des podcasts qui se trouvaient déjà sur le site web. Il a choisi comme angle les productions autour de l’écologie et du féminisme et c’est devenu le This is La Pieuvre sur la plateforme. On avait donc envie de partager ce mix dans la galerie sonore.
Ensuite, Emma (T’es qui toi ?), c’était pertinent parce que c’est l’un des premiers podcasts publiés. À l’époque elle était étudiante, en service civique à la radio. Elle était en année de césure de ses études de de journalisme et avec des copines, elles ont monté ce podcast où elles interrogent monsieur et madame tout le monde sur : Est-ce que ce que tu fais dans la vie ça te définit en tant que tel ou est-ce que c’est autre chose ? C’est un format témoignage, un entretien un peu intime avec quelqu’un qui raconte sa vie. Ce sont des choses qu’on retrouve pas mal et qui cartonnent le plus sur Spotify. Et sur La Pieuvre aussi, c’est l’un des podcasts qui a eu le plus d’écoutes.
Martial : Pour nous, c’est aussi symbolique parce que c’est une productrice qui grandit encore aujourd’hui avec la radio.

À feu et à sang, c’est plus étonnant dans votre sélection.
Justine : C’est aussi une production de quelqu’un qui est passé par Radio Dijon Campus. Alexandre était en service civique et il a mené un entretien avec De Taille et d’Estoc, une association spécialisée dans les armes médiévales. Ils ont eu envie d’entrer plus dans le détail par le biais du podcast. On est assez contents de ce podcast parce qu’on a laissé des outils à quelqu’un qui n’avait jamais fait de radio et qui s’en est emparé pour « prendre son envol ». Ça rencontre d’ailleurs un petit succès non seulement auprès des passionnés d’armes et de l’époque médiévale mais aussi au-delà. C’est le premier ou deuxième podcast qui a le plus cartonné sur La Pieuvre, ils ont même monté une page Instagram pour décliner leurs contenus.
Martial : Oui, La Pieuvre c’est aussi ça. On n’est pas que dans la culture telle qu’on l’entend, qu’on la pratique et qu’on la défend habituellement. Il y a le côté historique et universitaire qui nous correspond bien également, aussi bien à La Pieuvre que chez Radio Campus.

Sur La Pieuvre il y a plusieurs podcasts qui parlent du Congo, ça vient d’où ? 
Martial : Mon village c’est Kinshasa ça vient de Seb Godret qui est un peu un touche-à-tout de la culture à Dijon et qui navigue dans les structures culturelles depuis le milieu des années 90. Aussi bien dans les arts électroniques au milieu de ces années-là que, depuis une dizaine d’années, dans le documentaire. Ce qui l’intéresse en particulier c’est l’urbanisme, le lien à une ville. Tous les ans il diffuse à l’antenne de Radio Campus un documentaire (et qui, en général, passe à un moment aussi sur France Culture). Il a fait des choses autour de l’afrobeat et maintenant il a un penchant pour les musiques transe d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

Et pour finir le tour de votre sélection, il nous reste La Quarte et le Territoire.
Florentine : C’est le podcast d’une violoncelliste de Chalon-sur-Saône qui va à la rencontre de musiciens et musiciennes de la région et qui leur demande si leur façon de jouer est implantée sur leur territoire, là où ils vivent. Donc à la fois leur relation à la musique et au territoire. Guillaume Malvoisin est très tourné vers le jazz, donc quand on a sondé l’équipe pour faire la sélection c’est normal qu’un podcast de musique soit remonté et celui-ci rend bien compte de ce qui se fait en matière de musique dans la région.

En plus des podcasts il a beaucoup été question de radio dans cette conversation, qu’est-ce qui pour vous distingue les deux pratiques ?
Florentine : L’intérêt du podcast, le podcast natif j’entends, déjà, c’est qu’il est indépendant d’une grille de programmation et d’un format. Des podcasts natifs peuvent se retrouver à l’antenne, tout comme ce qui passe à l’antenne peut se retrouver sur une plateforme de podcasts, mais les modes de réflexion du format ne sont pas les mêmes. Et puis, il y a aussi une autre différence. Les plateformes de podcast, c’est un peu comme le Netflix de la radio. À la radio, on peut plus facilement tomber par hasard sur quelque chose, alors que quand on va chercher un podcast, c’est souvent qu’on a déjà dans la tête une émission qu’on a envie de vivre : la démarche des auditeurs n’est pas la même.
Martial : On essaie de croiser les deux et pour répondre à ta question. Pour moi, ça n’a rien à voir et en même temps, c’est la même chose. En podcast on peut s’affranchir de toutes les contraintes qui sont propres à la radio. : le format est souvent de 3 à 4 minutes alors qu’en podcast, des gens vont faire tout péter, vont brutaliser les normes de la radio et en faisant ça, ils réinterrogent aussi nos pratiques. Ensuite la sérialité est déjà présente en radio, mais en podcast, elle est plus facile à appréhender. D’ailleurs, nous essayons de livrer des séries qui ont déjà un certain nombre d’épisodes, au moins trois ou quatre, pour que les gens sur La Pieuvre n’aient pas à attendre que la série se complète. D’un côté, il y a le monde qui s’ouvre à tous sur le net, un pouvoir de diffuser assez incroyable et de l’autre côté, il y a la FM, un monde en direct et ça se passe maintenant. Pour moi, la vraie différence, elle est à ce niveau-là de la temporalité.

Entretien réalisé par Adrien Chiquet avec La Pieuvre
Novembre 2023


La Pieuvre et son environnement :
La Pieuvre : https://lapieuvre-podcast.fr/
Radio Dijon Campus : https://radiodijoncampus.com/
Le Bloc : https://jazzbloc.fr/lebloc/ 
Pointbreak : https://pointbreak.fr/